Témoignage personnel de l'auteur de l'article : Votre église est-elle une secte ?

Publié le par Hilkija

Souvent, quand vous êtes membre d'une assemblée qui commence à dérailler spirituellement, il est très difficile de discerner les signes annonciateurs d'un comportement sectaire.

Certains amis extérieurs pourront vous montrer des choses qui les préoccupent. Mais vous pouvez facilement penser qu'ils "ne sont pas assez spirituels pour comprendre réellement ce qui se passe", ou que "le diable se sert d'eux pour vous empêcher d'avancer avec le Seigneur" ! Certains anciens membres de l'assemblée, qui l'ont déjà quittée, peuvent tenter de vous avertir des dangers qu'ils ont perçus. Mais, manifestement, "ils sont eux-mêmes séduits", et "ils ont besoin de se repentir", parce qu'ils ont osé "s'opposer à un homme de Dieu" !

L'une des caractéristiques de toutes les sectes est la conviction que "nous avons raison", et que "tous les autres ont tort", ou qu'ils sont "rebelles", "séduits", ou même carrément "sous une influence démoniaque", voire "possédés".

On a souvent besoin de passer par une expérience particulièrement pénible pour commencer à ouvrir les yeux et réaliser ce qui se passe vraiment !

Ce fut mon expérience. J'ai passé près de huit ans dans une église qui était dirigée par un homme que j'avais toujours reconnu comme étant trop dominant, et plutôt arrogant. Mais je croyais qu'il n'était motivé que par son zèle ardent pour Dieu et pour Sa justice. Au début, c'était sans doute vrai. Il s'est passé beaucoup de bonnes choses dans notre église. Nous avons vu des miracles, et beaucoup de gens ont été sauvés. Beaucoup, y compris moi-même, ont pu grandir considérablement dans la foi et dans leur marche chrétienne.

Toutefois, au fil des années, je peux maintenant me rendre compte que les choses se sont lentement détériorées. Plusieurs anciens quittèrent l'église sans donner d'explications. Manifestement, pourtant, ils n'étaient pas partis pour retourner dans le monde, ou parce qu'ils étaient aigris par quelque remarque acerbe du pasteur.

Les prédications du pasteur sont devenues peu à peu plus dogmatiques et légalistes. Il a commencé à attaquer ceux qui étaient partis de l'église, ainsi que les autres églises de la ville, qui étaient, selon lui, "dans le compromis". Il faisait de plus en plus de pressions pour que les Chrétiens "s'engagent totalement" pour le Seigneur. Certains l'accusaient d'être trop dictatorial, de trop prêcher la "couverture spirituelle" et la soumission, et de manquer d'amour. Nous le savions. Mais, malgré toutes ses fautes, nous continuions à considérer notre pasteur comme le seul véritable "homme de Dieu" de notre ville, si ce n'est de tout le pays ! Nous pensions qu'il était toujours prêt à prendre position pour le Seigneur, quel que soit le prix à payer.

Un jour, brusquement, on apprit que ce puissant prédicateur de la justice avait fait preuve d'une "familiarité excessive" envers un certain nombre de femmes de l'assemblée. Non pas une fois seulement, mais à de nombreuses reprises, et surtout récemment. Mais ce comportement remontait en fait à la création de l'église. Les responsables de l'assemblée avaient étouffé ces "incidents isolés", et le pasteur s'était apparemment repenti. Mais, à présent, les choses venaient au grand jour, et de plus en plus de femmes commencèrent à dévoiler ce qui s'était réellement passé.

Beaucoup de membres de l'assemblée la quittèrent immédiatement. D'autres restèrent, parce que notre pasteur, apparemment, était allé chercher de l'aide auprès d'un autre pasteur respecté, pour mettre sa vie en ordre. En même temps, il s'était momentanément retiré du ministère pastoral. Nous espérions qu'il pourrait être restauré, et que l'église pourrait être remise sur pied. Toutefois, peu après, contre l'avis de l'autre pasteur, notre pasteur reprit son poste, et recommença à prêcher, déclarant que l'assemblée avait réagi d'une manière exagérée. Selon lui, l'affaire n'était pas si grave aux yeux de Dieu. Il invoqua tous les miracles que Dieu avait continué à opérer par son ministère, pendant son absence.

Malheur à ceux qui continueraient à le critiquer !

Pour moi, ce fut le signe final que les choses étaient allées trop loin. Je quittai l'église immédiatement après cette réunion. D'autres, que j'aimais et que je connaissais bien, restèrent encore quelques semaines, espérant contre toute espérance que les choses pourraient s'arranger. Mais ils finirent par partir aussi, quand il fut évident que tout continuait comme auparavant.

Hélas, un bon nombre restèrent dans l'assemblée, et y sont toujours, refusant d'admettre l'évidence, s'accrochant à la certitude qu'ils suivaient "l'homme qu'il fallait pour cette nation", et persuadés que tous ceux qui étaient partis étaient en danger d'aller en Enfer, à moins qu'ils ne se repentent. En tout cas, ils croyaient que tous ceux-là ne pourraient rien faire de bon pour le Seigneur, tant qu'ils ne retourneraient pas dans l'assemblée !

Parmi ceux qui étaient partis, nombreux furent ceux qui eurent le cœur brisé, parce que leur pasteur avait trahi leur confiance, et que tous leurs espoirs et leurs rêves avaient été détruits. Nous avions tellement donné de nous-mêmes pour travailler à réaliser la vision que nous avions pour cette église ! Mais sur quelles fondations avions-nous bâti ? Certains étaient tellement déçus qu'ils refusaient d'envisager de retourner dans une autre église.

Beaucoup ont combattu pendant des mois. Mais, aujourd'hui encore, ils ont toujours du mal à s'engager dans une nouvelle assemblée, et à faire confiance à un autre pasteur. D'autres sont allés encore plus loin, et ont coupé tous les ponts avec les églises.

Mais d'autres, par la grâce de Dieu, sont sortis peu à peu de cette situation. Ils en gardent des cicatrices, mais ils se sont aussi fortifiés spirituellement à la suite de cette expérience. Ils ont pu s'engager pleinement dans d'autres églises, et même reprendre un service actif pour le Seigneur.

Je crois que cela a été difficile pour tout le monde. Ceux qui s'en sont remis le plus vite sont ceux qui ont refusé de s'appesantir sur le passé. Ils ont continué à croire que Dieu restait toujours Fidèle et Vrai, malgré tout ce que les hommes pouvaient dire et faire. Ils ont résisté à la tentation de se couper des églises et de s'isoler, ou encore de passer d'une église à l'autre, au premier signe d'imperfection. Ils ont réussi à trouver des assemblées stables, dirigées par des pasteurs ou des anciens respectables, qui acceptent de rendre des comptes. Ces frères et sœurs veulent obéir à la Parole de Dieu. Ils veulent laisser le Seigneur les corriger, les guérir et conduire leurs pas. Ils ont voulu aussi se repentir de leur part de responsabilité dans tout ce qui s'était passé. Ils ont aussi accepté, quand c'était nécessaire, de demander pardon à ceux qu'ils avaient blessés ou condamnés. Certains ont été aidés par d'autres Chrétiens qui étaient passés par des expériences semblables, ou par des bons pasteurs qui leur ont donné de sages conseils. Ils ont toujours résisté à la tentation de médire, de se laisser gagner par l'amertume, ou de se condamner pour leur manque de discernement et leur incapacité à reconnaître les premiers signes des problèmes. Mais ils comptent sur le Seigneur pour qu'Il puisse leur rendre toutes les années que les "sauterelles" avaient dévorées. Plus tard, nous nous sommes rendus compte que nous pouvions même rire de la manière dont nous avions pu nous laisser prendre dans le piège, et nous garder la tête dans le sable ! C'était sans doute le signe que nous étions réellement sur le chemin de la guérison !

En étudiant le comportement de tous ceux qui sont passés par des situations semblables, je peux voir deux réactions extrêmes, dans lesquelles je crois que nous ne devons pas tomber. La plus évidente consiste à s'isoler complètement, à se retirer totalement des choses de Dieu, en rejetant toutes les églises et tous les pasteurs, à cause des profonds traumatismes subis. Ceux qui adoptent cette attitude se polarisent sur les offenses qu'ils ont reçues. Ils continuent à guetter le comportement de ceux qui les ont blessés, pour se régaler de toute nouvelle révélation de leurs égarements. Cela ne peut que produire des effets négatifs. L'autre extrême consiste à se jeter aussitôt de nouveau dans l'action, ou à prendre la direction d'une nouvelle église, sous prétexte que "personne d'autre n'a reçu une révélation comme celle que nous avions dans notre église précédente" ! Le danger d'une telle attitude, c'est qu'elle peut nous faire tomber dans les mêmes travers et les mêmes abus que ceux des dirigeants de l'église que nous venons de quitter ! Dans notre cas, il y avait certes ces péchés grossiers d'adultère et d'immoralité. Mais il y avait aussi d'autres causes plus subtiles, qui ont également contribué à la chute finale. Pour ne citer que certaines, il y avait aussi le péché de l'arrogance ("Nous en savons plus que toutes les autres assemblées de la ville, et nous pouvons leur montrer ce qu'il faut faire !"), le péché de l'esprit de jugement ("Dieu est en colère contre cette église et ce pasteur, parce qu'ils sont tièdes… Le frère Un Tel est un rétrograde, cela fait des semaines qu'il n'est pas venu à la réunion de prière !"), ou le péché de l'idolâtrie et de l'intimidation ("Ne touchez pas à l'Oint de l'Eternel ! … Tous ceux qui quittent notre église sont sur le chemin de l'Enfer !")

Même s'il est dangereux de se focaliser complètement sur les fautes du passé, il est toutefois nécessaire, pour recevoir une pleine guérison, d'étudier de manière objective tous les aspects des abus spirituels que nous avons subis, non pas pour condamner ceux qui ont pratiqué ces abus, mais pour permettre à Dieu de nous révéler tout ce qui était mauvais, et de nous montrer tout ce que nous aurions dû faire, à la lumière de la Bible. Sans une telle ouverture à la correction de Dieu, nous sommes réellement en danger de recommencer à passer par le même cycle d'erreurs et d'abus, soit en devenant nous-mêmes des persécuteurs, soit en nous laissant à nouveau prendre dans le piège, pour devenir à nouveau les victimes de situations semblables dans une autre assemblée.

Témoignage personnel de l'auteur de l'article :  Votre église est-elle une secte ?

Publié dans Edification

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